[Radioprotection] Dépassements des limites.


Le bilan annuel des expositions professionnelles publié par l’IRSN met en évidence un certain nombre de dépassements de limites.Il est dès lors intéressant de s’intéresser à ces cas de façon à comprendre comment ces situations sont arrivées.


Si l’on considère la valeur de 6 mSv qui correspond à la limite annuelle maximale pour les travailleurs de catégorie B, soit l’immense majorité des praticiens et assistantes, on constate qu’un petit nombre de travailleurs la dépasse. Connaissant les doses délivrées par nos générateurs, il est possible de déterminer le nombre de clichés nécessaires pour arriver à ces valeurs.

Un rapport de l’IRSN de janvier 2009 mentionne les doses par cliché à 50 cm de la tête d’un patient pour un réglage correspondant à une molaire supérieure. Ce réglage est celui entrainant les doses les plus élevées. La figure ci-dessous indique les valeurs mesurées pour les situations les plus défavorables sur deux types de générateurs (HF et monophasé).

Pour dépasser la limite annuelle de 6 mSv, il faut donc réaliser en une année en étant systématiquement placé dans l’axe du faisceau primaire à 50 cm plus de :
  • 5272 clichés avec un réglage type film argentique sur le générateur A
  • 17391 clichés avec un réglage type capteur numérique sur le générateur A
  • 30769 clichés avec un réglage type film argentique sur le générateur B
  • 92308 clichés avec un réglage type capteur numérique sur le générateur B
Il est parfaitement improbable que ces circonstances se rencontrent en pratique. D’une part, les praticiens ne restent pas systématiquement dans le faisceau primaire. D’autre part, une activité importante correspond à 2000 voir 3000 clichés annuels. Alors des hypothèses qui correspondent à plusieurs dizaines de milliers de clichés ne peuvent pas être validées.
Si ces dépassements de doses ne sont pas dus à des prises de clichés rétro alvéolaires, ce sont peut-être des praticiens réalisant beaucoup de radiographies panoramiques qui les ont reçus. Ou alors des stakhanovistes des CBCT ?

Il faut avoir à l’esprit que l’immense majorité de ces appareils pour radiographies exo buccales sont à déclenchement externe. La conception de la pièce ne doit donc pas permettre de dépasser 1 mSv annuellement.

Dans le cas d’un déclenchement à l’intérieur de la pièce, il faudrait là encore réaliser un nombre d’examens très élevé pour dépasser les 6 mSv annuels :
  • > 3000 radios panoramiques
  • > 800 examens tridimensionnels
Il faut là encore insister sur le fait que ces situations sont hautement improbables car, rester systématiquement à 50 cm du patient vu l’encombrement de l’appareil est impossible.
D’autre part, les nombres d’examens sont très importants et pratiquement jamais atteints par un praticien seul.
Alors pourquoi y a-t-il des dépassements de doses ?

Personne n’est en mesure de les expliquer, mais ces doses restent inscrites dans les statistiques. Faute d’explications permettant de les invalider elles sont supposées avoir été reçues et terniront toujours les efforts faits par l’ensemble de la profession en matière de radioprotection.
Suite à l’enquête effectuée par les autorités pour tenter de comprendre comment une dose supérieure à 20 mSv a été reçue par un praticien d’un cabinet mutualiste de Bordeaux, aucune explication n’a été trouvée. Pourtant, il doit bien y en avoir une …

Il est indispensable que les confrères concernés par des pré alertes ou des alertes de dépassements contactent nos instances professionnelles afin qu’en collaboration avec les autorités (ASN et IRSN) une explication soit trouvée.Les vétérinaires ont depuis quelques années mis en place cette méthode et depuis, leur nombre de dépassements des limites ne cesse de diminuer. Cela tient au fait que certaines explications permettent d’invalider les doses et elles ne sont alors pas reprises dans les statistiques.

Cet effort collectif est d’autant plus important que les autorités tiennent de plus en plus compte de l’appréciation des risques pour élaborer la réglementation. Si nous parvenons à mettre en évidence le fait que notre activité est très peu risquée, cela ne pourra qu’être bénéfique pour l’évolution de la réglementation en matière de radioprotection.